Marie Claire Mitout
Marie-Claire Mitout est une peintre tassilunoise d'un talent immense, à la hauteur de sa discrétion et de son humilité, dont l'art et la vie sont intimement mêlés depuis plus de trente ans. De prestigieux lieux d'exposition Qui sait qu'elle a exposé au sein d'institutions prestigieuses comme le musée d'art moderne de Paris ou les instituts français à Milan et à Stuttgart, qu'elle a eu une rétrospective à la cité de Sciences, a réalisé un calendrier de l'Avent monumental sur la...
- Exposition. La peintre Marie-Claire Mitout dévoile ses Plus belles heures à Lyon
- Marie-Claire MITOUT | Cnap
- Marie-Claire Mitout — Galerie Claire Gastaud — Reportage — Slash Paris
Exposition. La Peintre Marie-Claire Mitout Dévoile Ses Plus Belles Heures À Lyon
La vie va, le monde à cours, le soleil se consume. Je pense à cette sculpture mécanique des artistes chinois Sun Yuan et Peng Yu intitulée « Can't Help Myself »: un bras mécanique travaillant à récupérer une mare d'un liquide rouge semblable à du sang et qui inlassablement s'étend. Le geste est vain, l'hémorragie ne semble pouvoir être stoppée, vouant le bras au même supplice que Sisyphe, répéter le même effort désespéré. Quelque chose fuie, fuit, et l'art est la forme comme désespérée, mélancolique et belle dans son effort, son opiniâtreté, son obstination, sa résolution, sa ténacité à tenter de retenir un peu de ce que le temps emporte. Image: Marie-Claire Mitout. Sur les pas de Sophocle, Le Parthénon, Athènes. Extrait de la série Les plus belles heures. Marie-Claire Mitout — Galerie Claire Gastaud — Reportage — Slash Paris. Aout 2018. Répondre
Marie-Claire Mitout | Cnap
Ainsi peut-être se manifeste, retourné vers notre propre existence, notre instinct de lecteurs. Celui qui fait de nous des observateurs de chaque geste, chaque posture ou expression depuis notre plus jeune âge, comme de chaque mouvement, des changements atmosphériques les plus ténus, nous permettant d'interpréter et de prévoir, bref de régler nos actions, nos émotions, nos gestes. Les vies les plus humbles que l'on connait sont ainsi soumises à ces principes pour régler leur conduite. S'approcher d'un aliment, d'un partenaire, fuir un prédateur. Existences manichéennes qui divise le monde entre bien et mal, mouvement d'approche ou fuite. On ne sait ce que font ceux dont la vie intime est plus complexe, plus riche de ces parcours de vie, de ces débats internes, de ces travaux de lecture qui s'évanouissent avec eux ou dont les manifestations sont trop subtiles pour nos sens. Pour notre part, à l'égal de nos industries, ils semblent sculpter notre monde, en constituer sa texture. Exposition. La peintre Marie-Claire Mitout dévoile ses Plus belles heures à Lyon. Les musées ne semblent être voués à rien d'autre, tout comme nos livres, nos films, nos productions artistiques dans leur ensemble: tirer des formes intelligibles, dédiées à solliciter nos sens comme notre intellect, qui manifestent, disent, racontent, l'énigme familière et pourtant incroyablement opaque qu'est une vie pour elle-même.
Marie-Claire Mitout — Galerie Claire Gastaud — Reportage — Slash Paris
Car il s'agit bien dans son œuvre, par l'accumulation, l'insistance autant que la capacité à s'exiler de son propre protocole, d'interroger les empreintes d'existences qui gravitent autour de ses souvenirs, à réinventer le concept de voyeurisme pour en faire un outil de partage, une mise en commun de l'expérience qui nous intègre à ses côtés dans la perspective extérieure qui lui sert de base d'observation. C'est alors précisément dans la tension constante qu'elle entretient entre extériorité et implication de son propre affect que l'artiste parvient à faire de chaque « moment » une somme absolue de détails aussi proche de celle qui la suit qu'infiniment et essentiellement éloignée. Evadé de ses chaînes temporelles, l'instant s'empare sous son pinceau d'une nature nouvelle et redonne aux heures leur sens étymologique de « division » du temps pour fêter leur rencontre nouvelle avec leur homonyme « heur », cette chance heureuse, cette grâce qui nous isole, pour une seconde et pour l'éternité, hors du cours normal des choses.
Les peintres de miniature persans, plusieurs siècles avant avaient formé le leur, les maître de l'estampe, au Japon en particulier, aussi, tout comme les illustrateurs de Livre d'Heures, peintres de prédelles, auteurs de vitraux ou de bas-reliefs travaillant à mettre en image la vie des Saints ou de personnages illustres au Moyen-âge. Et pour ce que l'on en sait, durant ces vastes époques qui précèdent l'histoire, à ce qu'elles ont laissé, peint ou gravé sur des parois, sous des abris rocheux, c'est une habitude ou une pulsion ancienne que d'élaborer des programmes iconographiques qui ont pour vocation, dans le précipité d'images fixes, de représentations graphiques, d'objectiver des récits, des pensées et conceptions sous une forme de traces lisibles qui portent l'événement, l'énonciation au-delà du temps qui est le leur, pouvant alors être réactivés par l'imagination, à l'instar des livres. Que dire de cette figure à tête d'oiseau, comme basculant en arrière dans le voisinage d'un animal mourant, si ce n'est qu'elle insiste à la fois du côté du rébus, du récit, du rêve et de ces sensations sur lesquelles on bâti des philosophies?