Les Amis Du Patois Vellave (W432002182) - Assoce.Fr
Le spectateur lambda en perdrait vite son latin. Il y a ces mots en « as », en « où », en « aï » qui lui ferait presque douter du siècle et du pays dans lequel il vit. Pourtant, à chacune de leur phrase, le public est hilare. Les Amis du patois vellave savent comment parler aux gens d'ici. Même si ce n'est que du spectacle, ces comédiens remettent au goût du jour un patrimoine local, cher aux gens de la campagne. « Pour eux, c'est leur madeleine de Proust. Ils viennent pour réentendre le patois vellave, qui puise ses origines dans le languedoc et le latin. Ça leur rappelle des choses. Je l'ai toujours entendu chez mes parents. Ils ne parlaient pas français ». Ginette Dunis En tout, l'association compte quarante et un adhérents. Parmi les vingt et un acteurs, onze seulement sont à chaque fois sur scène, et jouent à tour de rôle. Photo Edwige Blanchon Auteure des pièces présentées chaque année par la troupe, elle monte aussi sur scène, crée certains costumes et souffle le texte en coulisse à ceux qui ont quelques oublis… Grâce à elle, la langue du Velay revit sous les traits des différents comédiens.
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Ensuite, en mars-avril, le texte circule pour être lu par tous les acteurs, puis chacun en reçoit une copie et a ainsi tout l'été pour se familiariser avec son futur rôle. Puis, dès la mi-octobre, tout en continuant à jouer la pièce de l'année en cours, nous répétons celle de l'année suivante. Pour simplifier, chaque comédien se voit toujours attribuer le même prénom, quel que soit son rôle. En ce qui concerne le programme de l'an prochain, le titre de la pièce sera Mais que n'en tsoù véïre! (Littéralement: Mais qu'il faut en voir! ) en référence aux multiples difficultés que chacun est amené à rencontrer dans la vie. Pourquoi jouer en patois? Parce que c'est la langue de nos ancêtres, que nous y sommes attachés, que nous avons conscience de son déclin, et que nous essayons de la faire vivre encore un peu. Et parce que le patois est pour beaucoup de nos contemporains originaires de la campagne leur « madeleine de Proust », qu'ils ont plaisir à savourer à chacune de nos représentations.
Mais pas que! À 53 ans, Martine comprend parfaitement cette langue souvent attribuée aux anciens. Le langage du souvenir « L'écrire c'est plus difficile », rit celle qui ne manque que très rarement une de leurs pièces. « Dès que je vois qu'ils passent dans le coin, je vais les voir. Ceux d'Arsac aussi. L'occitan est lié à la rigolade, on vient pour passer un bon moment. Si c'était en français, ce ne serait pas aussi drôle ». Martine fait sûrement partie de la dernière génération qui comprend encore le patois. Les voir jouer lui rappelle sa mère, sa grand-mère qui utilisaient ce langage dans son enfance. « L'occitan a une image rurale. Avant c'était même un peu péjoratif alors ce n'est plus à la mode ». À son grand désespoir, Martine voit ce dialecte disparaître petit à petit. Heureusement, elle peut compter sur ces troupes locales qui défendent cet héritage dur comme fer en essayant de faire revivre une langue loin d'être encore morte. Edwige Blanchon