Cercle De Kéniéba
D'après Paul Bamba Kéïta, professeur d'histoire et géographie au lycée Dougoukolo Konaré de Kayes (LDDK), on retrouve deux types de classes sociales dans le Cercle de Kéniéba: les hommes libres ou porteurs de carquois «tuntigolu» et les hommes de caste « nyamaxalolu ». Les Tuntigolu sont composés de «Hoorolu (nobles) et de Jonnwolu (esclaves) ». Les «nyamaxalolu» comprennent les forgerons «Numolu», les griots «Jalolu», les cordonniers «Garankelu», et les paroliers «Finolu». Aujourd'hui, l'esclavage n'existe que de nom chez les Malinkés. Et les hommes de caste peuvent se marier entre eux. Ainsi, il est généralement conseillé qu'un forgeron se marie à une forgeronne, un griot à une griotte, un cordonnier à une cordonnière. Mais le mariage existe actuellement entre Tuntigi et Nyamakala. Les religions musulmane et chrétienne contribuent beaucoup au renforcement du climat social dans cette partie du Mali, à travers le brassage entre les peuples. Les églises catholiques et protestantes ont favorisé la scolarisation massive des enfants du Cercle de Kéniéba.
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Et pourtant, les activités de ces dragues ne sont pas sans conséquences. En plus de la méconnaissance des outils qui causent, chaque semaine des morts, les activités d'exploration et d'exploitation aurifère par drague sur les cours d'eau se font avec des produits toxiques et mortels dans le lit du fleuve. Du coup, la faune et la flore aquatiques sont fortement menacées. Des poissons et oiseaux sans vie sont fréquemment visibles sur les bords de nos cours d'eau. L'impact sur l'environnement et les habitants des localités concernées est énorme. Face à cette situation, le gouvernement a pris des mesures draconiennes. Dans un arrêté interministériel, le gouvernement a suspendu les activités d'exploration et d'exploitation aurifère par drague sur les cours d'eau au Mali pour une durée de 12 mois à compter du 15 mai 2019. Malheureusement, depuis l'expiration de cette date, les promoteurs de dragues envahissent nos fleuves et plus particulièrement le fleuve Falémé dans le cercle de Kéniéba. Par correspondance n°00600/MEADD-SG du 14 décembre 2020 adressée au président de l'Union des comptoirs et raffineries d'or du Mali, le ministre de l'Environnement, de l'Assainissement et du Développement durable demande l'arrêt de l'utilisation des dragues sur les fleuves dans le cercle de Kéniéba.
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Dans le contexte politique du Mali, les enjeux essentiels sont aujourd'hui la question de la terre, celle du contrôle des ressources naturelles et stratégiques, la répartition juste et équitable du revenu national. Si par exemple la nouvelle loi d'orientation agricole au Mali reconnaît la propriété coutumière, il est cependant à noter que l'Etat tolère cette propriété coutumière jusqu'au moment où il en n'aura besoin lui-même pour cause « d'utilité publique ». C'est-à-dire, pour mettre en place des programmes publics ou des projets d'exploitation avec les investisseurs étrangers. Les communautés locales n'ont pas le droit de refuser l'implantation de ces projets. Elles peuvent juste obtenir des compensations en fonction de leur capacité de négociation. Par exemple, un paysan qui a sa terre dans un périmètre octroyé par l'Etat pour une durée de 25 à 30 ans à une société minière, ne peut pas s'opposer en vertu du code minier du Mali à l'accès de l'exploitant minier au sous-sol où se trouve son champ.
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En 2019, un arrêté interministériel interdisait toute activité de dragage au Mali. Cette autre forme d'exploitation d'or dans les eaux du fleuve a pris de l'ampleur et les conséquences sont néfastes pour l'environnement. « En allant en profondeur vers le lit du fleuve Sénégal, vous allez vous rendre compte que c'est désastreux, sincèrement, c'est catastrophique! On a interdit l'exploitation des dragues, mais malheureusement la pratique existe encore à Kenieba. Vous sillonnez les berges du Falémé, vous trouverez des dragues qui sont en train de faire l'exploitation aurifère. Ce qui impacte négativement sur les cours d'eau qui appartiennent non seulement au Mali, mais aussi à la Guinée et au Sénégal », alerte M. Camara. En plus de ces menaces, l'éducation des enfants reste un défi car beaucoup travaillent sur les sites d'orpaillage. Michel Yao, S. Kondo, Augustin K. Fodou * Réalisé avec le soutien du Programme Sahel de l' IMS, financé par DANIDA. PS: Aux sites d'information et portails, n'autorise pas la reprise intégrale des articles.
A en croire la correspondance, la mission fait suite à une demande d'appui du gouverneur en vue d'éradiquer dans la région l'exploitation aurifère par dragues. Cette décision est conforme à l'ordonnance n°2019-022/P-RM du 27 septembre 2019 portant code minier en République du Mali, dispose en son article 44, alinéa 2 que « l'exploitation de substances minérales dans les lits des cours d'eau par dragage ainsi que par toute autre méthode est interdite ». La correspondance rappelle aussi que le ministère des Mines et du Pétrole a, par décision n°2019-000212/MMP-SG du 17 décembre 2019, créé une commission de lutte contre l'exploitation aurifère par dragues sur les cours d'eau. « Cette commission est composée de quatre ministères: Mines, Energie et Eau, Administration territoriale et Décentralisation, Sécurité et Protection civile et Environnement, Assainissement et du Développement durable », selon la missive adressée au président de l'Union des comptoirs et raffineries d'or du Mali. Suite à cette interdiction, une mission de déguerpissement sera effectuée dans la zone pour appliquer la loi.