La Guerre - Centre Pompidou
Il est profondément marqué par la guerre et ses désastres. En 1943, il peint cette toile: Marc CHAGALL La Guerre 1943 huile sur toile, 106 x 76 cm Paris, Centre Georges Pompidou, Musée national d'Art moderne / Centre de création industrielle, don de l'artiste en 1953, en dépôt au musée d'art moderne de Céret © ADAGP, Paris 2013 / CHAGALL ® © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN / Jacqueline Hyde Dans la rue principale d'un petit village un cheval hennit, tirant une charrette pleine de sang, et se dressant vers le ciel, un coq à la crête verte sur son dos. Un homme mort, les bras en croix, git au milieu de la route. Une femme, son enfant dans les bras, dans une charrette tirée par un cheval mauve, traverse le ciel jaune et bleu (sont-ils « au ciel »? )… pendant qu'un personnage la tête bandée et un baluchon sur l'épaule, part vers des lieux inconnus, situés nettement hors du tableau. C'est une sorte de cauchemar. Dans plusieurs de ses tableaux, on voit le Christ en croix, symbolisant pour lui, comme il l'a écrit, « le poids de la souffrance humaine ».
La Guerre Tableau De Chagall France
A l'origine, les trois tableaux intitulés Résistance, Résurrection, Libération constituaient une seule grande composition baptisée Révolution, exécutée par Chagall en 1937, à l'occasion du vingtième anniversaire de la Révolution d'Octobre en Russie. En 1943, alors que l'artiste est exilé aux Etats-Unis, il découpe et retravaille cette œuvre pour en faire trois tableaux. Au moment où Chagall effectue cette transformation, il est profondément marqué par la guerre et le sort des Juifs restés en Europe. Son angoisse se manifeste dans son travail: une tonalité tragique se retrouve dans les couleurs, les thèmes et les compositions de ces œuvres. Le fond rouge sang des deux premières toiles, Résistance et Résurrection, partie droite du tableau original, qui évoquait les batailles de la Révolution, traduit désormais les violences de la guerre. Ici, des maisons en flamme, une pendule, symbole du foyer natal, jetée à la rue, une femme fuyant avec son enfant, entourent Le Christ crucifié, symbole des souffrances de l'homme.
Propos de Marc Chagall Premières impressions de Paris: « J'y découvrais la lumière, la couleur, la liberté, le soleil, la joie de vivre. C'est dès mon arrivée que j'ai enfin pu exprimer dans mon oeuvre la joie plutôt lunaire que j'avais parfois connue en Russie, celle de mes souvenirs d'enfance de Vitebsk. Je n'avais jamais voulu peindre comme les autres et je rêvais d'un art qui serait nouveau et différent. À Paris, j'eus enfin la vision de ce que voulais créer, l'intuition d'une nouvelle dimension psychique dans mon art. Non pas que je me cherchais un moyen d'expression, dans un style essentiellement latin comme celui d'un Courbet. Non, ma peinture n'est pas un art de self-expression, ni un art littéraire, mais quelque chose de construit, un univers de formes. »