La Terre - Hymne, Poème De Victor Hugo
Elle égalise tout dans la fosse; et confond Avec les bouviers morts la poussière que font Les Césars et les Alexandres; Elle envoie au ciel l'âme et garde l'animal; Elle ignore, en son vaste effacement du mal, La différence de deux cendres. Elle paie à chacun sa dette, au jour la nuit, À la nuit le jour, l'herbe aux rocs, aux fleurs le fruit; Elle nourrit ce qu'elle crée, Et l'arbre est confiant quand l'homme est incertain; Ô confrontation qui fait honte au destin, Ô grande nature sacrée! Elle fut le berceau d'Adam et de Japhet, Et puis elle est leur tombe; et c'est elle qui fait Dans Tyr qu'aujourd'hui l'on ignore, Dans Sparte et Rome en deuil, dans Memphis abattu, Dans tous les lieux où l'homme a parlé, puis s'est tu, Chanter la cigale sonore. Pourquoi? Pour consoler les sépulcres dormants. Poésie en hiver la terre pleure de victor hugo berrocal compositor. Pourquoi? Parce qu'il faut faire aux écroulements Succéder les apothéoses, Aux voix qui disent Non les voix qui disent Oui, Aux disparitions de l'homme évanoui Le chant mystérieux des choses. La terre a pour amis les moissonneurs; le soir, Elle voudrait chasser du vaste horizon noir L'âpre essaim des corbeaux voraces, À l'heure où le boeuf las dit: Rentrons maintenant; Quand les bruns laboureurs s'en reviennent traînant Les socs pareils à des cuirasses.
Poésie En Hiver La Terre Pleure De Victor Hugo A La Mujer
En hiver la terre pleure; Le soleil froid, pâle et doux, Vient tard, et part de bonne heure, Ennuyé du rendez-vous. Leurs idylles sont moroses. – Soleil! Aimons! – Essayons. O terre, où sont donc tes roses? – Astre, où donc sont tes rayons? Il prend un prétexte, grêle, Vent, nuage noir ou blanc, Et dit: – C'est la nuit, ma belle! Et la fait en s'en allant; Comme un amant qui retire Chaque jour son coeur du noeud, Et, ne sachant plus que dire, S'en va le plus tôt qu'il peut. Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les quatre vents de l'esprit) - En hiver la terre pleure. Victor Hugo
Elle est la terre, elle est la plaine, elle est le champ. Elle est chère à tous ceux qui sèment en marchant; Elle offre un lit de mousse au pâtre; Frileuse, elle se chauffe au soleil éternel, Rit, et fait cercle avec les planètes du ciel Comme des soeurs autour de l'âtre. Elle aime le rayon propice aux blés mouvants, Et l'assainissement formidable des vents, Et les souffles, qui sont des lyres, Et l'éclair, front vivant qui, lorsqu'il brille et fuit, Tout ensemble épouvante et rassure la nuit A force d'effrayants sourires. Gloire à la terre! Gloire à l'aube où Dieu paraît! Au fourmillement d'yeux ouverts dans la forêt, Aux fleurs, aux nids que le jour dore! Gloire au blanchissement nocturne des sommets! Poésie en hiver la terre pleure de victor hugo a la mujer. Gloire au ciel bleu qui peut, sans s'épuiser jamais, Faire des dépenses d'aurore! La terre aime ce ciel tranquille, égal pour tous, Dont la sérénité ne dépend pas de nous, Et qui mêle à nos vils désastres, A nos deuils, aux éclats de rires effrontés, A nos méchancetés, à nos rapidités, La douceur profonde des astres.