Eric Cassar Architecte
Son ambition est de créer de l'inattendu dans l'aménagement urbain. Il propose par exemple d'exploiter les événements climatiques en créant des couloirs de vent, ou des cascades de pluie; de créer de l'interactivité entre les passants et le bâti grâce des immeubles qui twittent ou changent de lumière; ou encore de planter des vastes percées de nature sauvages dans la ville, et faire ainsi de la végétation un « incubateur naturel du hasard et de la diversité ». Cette réflexion est approfondie dans un essai théorique publié en 2016 aux éditions HYX appelé Pour une ar(t)chitecture subtile. Il y définit une approche prospective de l'architecture fondée le rapport de l'humain au bâtiment. Grâce à une réalisation en maquette 3D, il ne se positionne plus comme architecte créateur, dont le regard souverain tombe du ciel, mais comme utilisateur sensible qui évolue au niveau du sol. Projet « Yamakasi » à Stains: un mur d'escalade recouvre un bâtiment de bureaux (crédits: Arkhenspaces) Habitat mutualisé Cette démarche humaine de l'architecture amène Eric Cassar à un autre constat.
Eric Cassar Architecte Des
Une « boussole numérique » pour réserver Au sein d'Arkhenspaces, le bureau d'architecture, d'urbanisme et de design qu'il a ouvert en 2005 rue du Faubourg-Poissonnière, à Paris (10 e), Eric Cassar a travaillé pendant deux ans, avec une petite équipe internationale et pluriculturelle, sur le projet « Habiter l'infini ». Il le résume ainsi: « Un bâtiment ou un îlot de bâtiments où la surface de la sphère intime de chaque foyer est réduite au profit d'une grande variété d'espaces mutualisés, gérés grâce au numérique entre les habitants. Ce qui permet à la fois d'augmenter l'espace de vie et de mieux rentabiliser l'espace construit tout en favorisant le lien social et intergénérationnel. » La « boussole numérique », grâce à ses diverses fonctions, est l'un des éléments-clés des liens que l'architecte veut encourager. Concrètement, les membres d'une famille disposent d'un appartement privé où « dormir, cuisiner et manger ensemble » mais peuvent réserver d'autres espaces mutualisés, en fonction de leurs besoins ou de leurs envies du moment: une vaste cuisine, une grande salle à manger et des chambres pour y recevoir des invités; un bureau préempté un certain temps pour y travailler plus à l'aise; un espace pour lire seul au soleil, sur un toit végétalisé ou ailleurs, etc.
Eric Cassar Architecte Pour
La réservation des espaces s'effectue via une application (tout juste développée par la société I-Porta) baptisée « boussole numérique »: grâce à ses autres fonctions, elle est l'un des éléments-clés du lien social et intergénérationnel que l'architecte veut encourager. chacun y déclinera, s'il le souhaite, ses talents et compétences qui peuvent dépanner les autres, ses disponibilités pour garder des enfants ou les conduire à l'école. « Une grand-mère qui a cuisiné un bœuf bourguignon peut offrir de le partager un soir avec ceux qui n'ont pas l'envie ou le temps de préparer leur repas », cite Eric Cassar, à titre d'exemple. Il imagine une monnaie locale pour le paiement de tous ces services. Organiser la mixité L'habitat est mutualisé, ce qui est différent de participatif ou communautaire, souligne-t-il. Dans ces derniers cas, des personnes s'associent en vue de concevoir leurs logements et les espaces communs, puis de construire ou d'acquérir un ou plusieurs immeubles. Dans « Habiter l'infini », les occupants, plutôt envisagés comme locataires, ne se connaissent pas, à charge pour les bailleurs sociaux ou les promoteurs d'organiser la mixité.
L'architecture est simultanément la chose et l'effet produit (4), la conséquence. Elle est résonance et ondulation. L'instrument d'environnements produit un bâtiment doué de mouvements (5) immobiles dans l'n-spaces. L'instrument sera plus ou moins riche et complexe ou, comme souvent aujourd'hui, ne sera pas car la construction se contente de volumes uniformes et incapables c'est-à-dire générateur d'aucun effet et d'aucune variation. Pourtant, même riche, un instrument ne se suffit jamais à lui-même. Il est toujours instrument de quelque chose et toujours il est joué. Selon sa nature, le champ des possibles s'accroît ou se réduit. Mais l'action résultante, l'œuvre, même préalablement composée ou écrite, est toujours ontologiquement ouverte. La vibration Une fois l'instrument créé, il y a un ou plusieurs « agissants » et une substance produite: l'œuvre. L'architecture instrument d'environnements rejoint cette autre idée, que l'architecture est un art inachevé qui se parachève par la vie que ses habitants et visiteurs y insufflent.