Retour À Reims De Didier Eribon | Livre 2009 | Résumé Et Critiques
Alors qu'il a beaucoup écrit sur la question gay et la honte sexuelle, le sociologue et philosophe, disciple de Bourdieu et de Foucault, va s'atteler à décrire sa relation douloureuse à sa famille ouvrière, autrefois communiste, aujourd'hui passée à l'extrême droite, sur fond de trahison des partis de gauche "Retour à Reims" mis en scène par Thomas Ostermeier © Mathilda Olmi -Théâtre de Vidy Lausanne Dans un studio de post production une actrice enregistre le commentaire d'un documentaire dont les images défilent sur un écran derrière elle. Depuis la régie le réalisateur lui donne des instructions et, parfois, s'énerve lorsqu'elle critique certains de ses choix. Le texte lu est tiré d'un livre, Retour à Reims, dans lequel l'auteur, Didier Eribon, présent dans la première partie du film, raconte sa prise de conscience, après la mort de son père, de son silence sur ses origines sociales et la honte qu'il en a toujours ressentie. Alors qu'il a beaucoup écrit sur la question gay et la honte sexuelle, ce sociologue et philosophe, disciple de Bourdieu et de Foucault, va s'atteler à décrire sa relation douloureuse à sa famille ouvrière, autrefois communiste, aujourd'hui passée à l'extrême droite, sur fond de trahison des partis de gauche.
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La rupture de Didier Eribon avec son milieu d'origine a donc été vue à travers le prisme de l'homosexualité, avec une opposition entre province/capitale et milieu homophobe/jeune gay et non comme une rupture entre l'intellectuel en devenir et le fils d'ouvrier. Son parcours fait forcément penser à celui d' Edouard Louis, avec lequel il est d'ailleurs très ami, puisque ces deux intellectuels sont à la fois homosexuels et issus d'un milieu populaire. « Retour à Reims » est cependant plus apaisé qu' « En finir avec Eddy Bellegueule » – mais Didier Eribon a une quarantaine d'années de plus qu'Edouard Louis et a donc plus de recul que ce dernier sur sa jeunesse. Il est plus dans le constat et l'analyse – et celle-ci est plus globale que son cas particulier – que dans le récit et les émotions. Didier Eribon revient sur l'histoire de sa famille et sur sa jeunesse, et analyse ce qui lui a permis de devenir le premier à aller au lycée, et à faire des études, mais aussi ce qui l'a poussé à couper les liens avec son foyer.
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« On peut dire que ce que j'ai écrit est hanté par quelques figures qui sont celles de Foucault, déclare-t-il, de Bourdieu, et donc mon écriture est un dialogue avec eux, même s'il s'agit parfois – souvent même – d'un dialogue critique. » (P. 56) Le sociologue évoque aussi Jacques Derrida ou Gilles Deleuze, et commente les productions du courant queer. Il souligne l'importance des travaux d'Eve Kosofsky Sedgwick, de Georges Chauncey, de Judith Butler et de Léo Bersani. Didier Eribon pense que la question de son positionnement – ou non – au sein des queer, gay et lesbian studies n'est pas cruciale. En effet, comme Judith Butler, le Rémois insiste sur les problèmes liés à l'institutionnalisation de la théorie queer. Il pense qu'il s'est constitué un ensemble de dogmes et d'articles de foi queer. De nombreux travaux queer ne sont plus des incitations à penser, mais de véritables interdictions empêchant toutes discussions ou innovations. Un autre danger est constitué par « l'idéalisme simpliste », la naïveté « petite bourgeoise » de « la vulgate queer ».
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s et son incapacité à se défaire du rejet viscéral qu'il a pour son milieu: Et je détestais de plus en plus me retrouver au contact [des] classes populaires Pour Didier Eribon, l'effet produit par ce sentiment d'abandon n'est autre que le report des voix vers des représentant. s répondant à des « pulsions immédiates ». D'une certaine manière, c'est la traduction politique d'une transformation de la vision de soi par rapport au « monde ». L'auteur l'analyse en terme de repli identitaire: Ce « nous » qui incarnait la masse des travailleurs/euses opposé. s à « eux », les, a glissé vers ce « nous » français. s contre « eulles » les immigré. s. Cependant, lorsqu'il ironise sur « l'irrationalité du peuple lorsqu'il ne consent pas à se soumettre à [la raison et à la sagesse des dirigeants du Parti Socialiste]» (p. 142), il semble se démarquer des analyses « d'expert[e]s » et des dirigeant. s du Parti Socialiste qui justifient pour les un. s, ou sous entendent pour les autres, souvent de manière tranchée, que moins l'on a de diplômes, plus on serait tenté.
spip-bandeau Cette adhésion à la méritocratie, à travers ses formes plus bourgeoises, constitue chez Eribon une véritable aporie qui n'est pas assumée: elle aurait pourtant fait bifurquer le propos vers des motifs psychologiques que l'auteur exclut d'emblée, ne voyant le monde qu'à travers le prisme de la sociologie, ce qui affaiblit son discours et le cantonne à une approche exclusivement holiste. Pourtant, son texte le montre bien: les réflexes d'individuation se cristallisent à travers des stratégies d'adaptation, qui opèrent davantage, semblent plus évidents lorsque le narrateur évoque son homosexualité et le rejet dont elle a fait l'objet en province (ce qui l'a conduit, entre autres raisons, à quitter Reims). Le texte atteint alors une forme d'équilibre tout à fait intéressant, parce que ténu, où le désir du jeune homosexuel de jouir sans entraves se conjugue à la peur d'être surpris. A ce moment-là, la dimension de l'expérience prouve qu'à hauteur d'individu, l'assujettissement n'est pas un destin.