Baudelaire Parfum Exotique Texte
Parfum exotique Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne, Je respire l'odeur de ton sein chaleureux, Je vois se dérouler des rivages heureux Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone; Paul Gauguin – Mahana na atua (Le jour de Dieu) – 1894 Une île paresseuse où la nature donne Des arbres singuliers et des fruits savoureux; Des hommes dont le corps est mince et vigoureux, Et des femmes dont l'oeil par sa franchise étonne. Guidé par ton odeur vers de charmants climats, Je vois un port rempli de voiles et de mâts Encor tout fatigués par la vague marine, Pendant que le parfum des verts tamariniers, Qui circule dans l'air et m'enfle la narine, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers. Charles Baudelaire 34RL1H3 Copyright Institut Français de Psychanalyse
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Le poète est donc bien présent dans l'œuvre, s'adressant à sa bien-aimée dont la présence est soulignée par les deux occurrences du pronom possessif « ton » (v. 9 et 2). Nous remarquons cependant que celle-ci semble uniquement être évoquée au travers de pronoms possessifs et jamais personnels, témoignant de la déshumanisation qu'elle subit. La femme devient entité, objet, pour mieux se diriger vers l'idéal de ce rêve poétique. La femme aimée ne devient alors que prétexte au récit d'un rêve poétique, un voyage imaginaire qu'elle rend possible. En effet, la perception olfactive reste tout de même intimement liée à la description de l'idéal, ce dont témoignent les vers 2 et 9: l'usage du verbe à la voix active « Je respire » suivi du complément d'objet direct puis le participe passé suivi du complément d'objet « guidé par ton odeur ». Baudelaire devient alors spectateur du rêve exotique dont le parfum est la clé. Le poète évoque également l'idée de simultanéité au travers de la conjonction qui ouvre le sonnet, « Quand » (v. 1) qui est suivi de « je respire » (v. Baudelaire, Les Fleurs du mal - Parfum exotique. 2) et de « je vois » (v. Le parfum entraîne le voyage puisque quand le poète « respire » (v. 2), il « voi[t] ».
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Le poème "Parfum exotique", écrit par Charles Baudelaire, est un sonnet. Un sonnet est composé de deux quatrains et de deux tercets. Ce texte est composé d'alexandrins. Le poème évoque l'amour, avec la relation amoureuse entre le poète et son amante. Son amour est écrit notamment à l'aide des cinq sens. Nous avons le toucher: "sein chaleureux". Ici le poète ressent la chaleur du sein de son amante. La vue: "l'œil", "je vois", "éblouissent", "les deux yeux fermés". Le goût: "fruits savoureux". L'odorat: "Je respire l'odeur". L'ouïe: "au chant des mariniers". Poème Parfum exotique - Charles Baudelaire. C'est par ces cinq sens que le poète éprouve un plaisir intense, l'extase. C'est par ces cinq sens que le poète est à l'apothéose, au paroxysme du plaisir. Tous ces sens sont liés, c'est-à-dire que l'odorat provoque le toucher: "Je respire l'odeur de ton sein chaleureux". Le toucher engendre la vue: "qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone". La vue provoque le goût: "des arbres singuliers et des fruits savoureux". Et pour finir le goût engendre l'ouïe: "au chant des mariniers".
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Les nombreuses assonances en [oi] et [a] montrent la recherche d'harmonie et de sonorités douces (par exemple vers 9-10 " ch a rmants clim a ts, / Je v ois un port rempli de v oi les et de m â ts"). La très grande générosité des rimes vers 12-14 fait écho aux vers 6 et 7 (générosité de l'île, lieu d'expansion et de bien-être): "tamariniers" (vers 12) est développé au vers 6 et "mariniers" (vers 14) est développé au vers 7. On a une correspondance entre la femme et la nature, par le jeu des odeurs (odeur du sein, et odeur des tamariniers). Baudelaire parfum exotique texte des. Dans les deux tercets, on a une pluralité des sensations: - vers 10: sensation visuelle ("Je vois") - vers 12 et 13: sensation olfactive ("parfum", "narine") - cers 13: sensation du toucher ("m'enfle la narine" => cette hyperbole montre que l'air est ressenti par le toucher dans la narine). - vers 14: sensation auditive ("chant"). La rêverie s'épanouit en fonction de ses sensations. Les sensations sont mises en relief par un jeu d'échos noté par les assonances et les allitérations (f/v, l/r, m/n).
Le poète est ici complètement détaché de la réalité et évoque l'odeur d'un arbre exotique, aux antipodes de la végétation parisienne qui l'entoure. Tout cela est d'ailleurs souligné par l'adjectif épithète lié « vert » qui évoque la jeunesse, que l'on oppose au gris de la capitale et de ses vieux immeubles. Cet aspect irréel du parfum est également rappelé par l'antithèse des vers 1 et 3: le poète a « les deux yeux fermés » (v. 1) et vient tout de même affirmer qu' « [il]voi[t] » (v. 3). Le parfum semble donc se placer entre imaginaire et réalité pour finalement provoquer un rêve poétique à la connotation presque érotique et sensuelle avec l'évocation du toucher et de la chaleur aux premier, deuxième et cinquième vers: « un soir chaud d'automne », « ton sein chaleureux », « éblouissent les feux d'un soleil monotone ». Le rêve poétique devient alors centre de l'œuvre, qui constitue une sorte de dialogue entre Baudelaire et son amante. En effet, nous remarquons l'omniprésence du pronom personnel de la 1ère personne du singulier avec ses cinq occurrences aux vers 2, 3 et 10, et les pronoms possessifs et complément qui s'y rattachent: « m'enfle » (v. Baudelaire parfum exotique texte original. 13), « mon âme » (v. 14).